Après la position du Parti de Gauche, je continue le tour d’horizon des candidats à la présidence de la république française, avec aujourd’hui le béarnais François Bayrou (Francesc Vairon en béarnais).
Voici ci-dessous une suite d’extraits de ses déclarations sur le sujet des langues régionales. Elles sont tirées de son site web personnel, bayrou.fr.
Faire ratifier par la France la Charte des langues régionales ou minoritaires ; Mettre en œuvre dans le secteur de la Francophonie une politique déterminée pour promouvoir notre langue …- 1er janvier 2007
Il en va du respect du pluralisme et comme je respecte et défends le pluralisme politique, j’en profite pour dire devant vous que je respecte et défendrai le pluralisme culturel. Ce qui me permet de dire au passage que j’ai trouvé offensant que le président de la République française trouve bon de présenter comme une atteinte à notre pays la signature de la charte des langues et cultures régionales et minoritaires. Je veux lui rappeler, à Strasbourg, en Alsace, avec l’hirondelle à ma boutonnière -vous avez le droit d’applaudir, l’hirondelle à la boutonnière, c’est pour ceux qui aiment la langue alsacienne, le symbole des défenseurs de la langue alsacienne- que les langues de France appartiennent à la France comme un trésor national et que faute de les défendre comme il faudrait qu’elles soient défendues, qu’au moins on les respecte et que donc on choisisse de les transmettre.- Discours de Strasbourg, 6 mars 2012
J’ajoute, puisque je vois des drapeaux occitans… catalans… mais vous savez, si vous observez attentivement les choses, vous verrez que le jaune et le rouge sont les couleurs de tous les drapeaux de toutes les régions qui composent le grand ensemble pyrénéen et le grand ensemble occitan.C’est le drapeau du Béarn, c’est le drapeau de l’Occitanie, c’est le drapeau catalan …oui la Bigorre aussi mais je ne connais pas le drapeau de la Bigorre… mais je suis absolument certain qu’il y a du jaune et du rouge partout. Et vous aurez observé, et ceci expliquera peut-être des choix anciens, que quand on mélange du jaune et du rouge, cela fait de l’orange ! Et ceux qui me connaissent sauront que ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard…
Eh bien je veux dire que nous avons, dans le projet de société que nous allons porter, le devoir de faire en sorte que la culture, elle aussi, devienne pluraliste, que les langues régionales de France soient reconnues à leur juste place qui est la place d’une richesse nationale, pas la place d’une faiblesse nationale comme Nicolas Sarkozy l’a défini dans un discours qui était un discours, en réalité de stigmatisation de nos langues et de nos cultures !
Je veux que l’on sache qu’en France on peut parler et transmettre parfaitement bien le français, et en même temps parler et transmettre parfaitement bien les langues qui sont les langues de notre patrimoine culturel !
Et, puisque je suis sur une tribune occitane, alors je vais reprendre ce que je disais lors du « Proclam de Pau », tout jeune ministre de l’Éducation nationale :
« Qu’ei fenit lo temps de la vergonha e que comença lo temps de la fiertat ! ». Qu’èm Occitans e Bearnés, e Bigordans, e Catalans, e Bretons, e Bascos. Pra’mor que i a Bascos tanben. E qu’avem l’intencion de continuar a parlar la lenga nosta. Qu’ei la nosta lenga e qu’avem tanben a la transméter, a la balhar aus dròlles qui son d’aquí ! « Ô mon pais, Tolosa ! » comme chantait Nougaro ! Ce sont nos richesses et je n’ai qu’un souhait : c’est que nos enfants et petits-enfants, les parlent un jour mieux que nous ne les parlons nous-mêmes.
Les phrases que je disais en béarnais, cela voulait dire : il est fini le temps de la honte et il a commencé le temps de la fierté ! Et ce pluralisme-là, le pluralisme culturel de notre pays, c’est aussi une richesse que nous ne devons en aucun cas accepter de voir déchirée par les jacobins de tout poil.
- Discours de Toulouse, 10 mars 2012
Je vous propose en bonus l’extrait vidéo correspondant à ce discours. Il faut avouer que c’est peu commun (unique même à ma connaissance), d’entendre un homme politique français parler aussi longtemps (et bien) en béarnais (occitan) :
Au-delà des discours préparés, François Bayrou avait déjà répondu à des questions sur ce sujet lors d’une émission spéciale de Médiapart :